Rêves, illusions, maya …

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Nous sommes nombreuses et nombreux à être engagés sur ce que l’on nomme une voie. Voie rouge, voie soufie, voie tantrique, voie chamanique … Si tous les chemins mènent à Rome, tous les chamanes – et leurs pratiques – n’y conduisent pas, et de toutes façons, c’est à chacune ou chacun de faire le boulot, en soi, à travers soi ! Les pièges sont nombreux sur nos chemins et notamment celui de rester enfermé dans un nouveau cadre, plus joli avec des loups, des roues médecine, des totems, des cercles, plus de solidarité et de coopération, mais quand même un cadre aussi illusoire qu’un autre.

Vous souvenez vous de la scène de Matrix dans laquelle Morphéus initie Néo à la Matrice ( la trame du Monde) , le faisant pénétrer dans un espace temps totalement vierge, sans aucune forme ou mouvement apparent ? Et de la façon dont des programmes d’apprentissage peuvent être transmis ? Le but est bien de venir à bout d’un système de conditionnement, de nous en libérer ( nos programmes individuels, familiaux, culturels, collectifs, à toues les échelles ) qui nous font errer plus ou moins consciemment d’un rêve à l’autre. Pour cela , les voies vont remplacer habilement système de conditionnement par un autre. Ce dernier va peu à peu (si il est authentique et mené/transmis avec justesse) nous permettre de retrouver notre liberté d’être. Le film Inception traite le sujet des rêves d’une autres façon : il nous montre comment différentes réalités (espaces/temps/énergie/matière/apparence) peuvent être liées les unes aux autres, et comment résoudre un rêve permet de résoudre, avec la pleine conscience du rêveur, tous les rêves qui y sont liés. Une sorte d’effet papillon à travers des réalités co existantes.

Chacune de ces voies (chamanisme etc…) forme un ensemble, un système cohérent, avec ses symboles, rites et rituels, pratiques, chants, mantras, danse, concepts… Pour chaque voie , c’est ainsi qu’est la réalité.

Mais souvent nous nous méprenons sur ce qu’est la réalité, le réel. Chacune de ces voies tends en fait  à travers des processus simples ou complexes à nous libérer des schémas et conditionnements, des illusions et programmes dont nous sommes constitués et qui nous donnent accès à une infime partie de l’Univers à travers des sens formatés  filtrant les informations. Chacune de ses voies nous initie graduellement à une somme de connaissances qu’il nous faudra à un moment dissoudre (c’est ce que les bouddhistes tibétains manifestent en créant par la pensée ou dans la matière des mandala, des visualisations très complexes et complètes de déités dans leur environnement, pour guérir, soigner une part de soi ou du monde manifesté ; puis, une fois le travail accompli, la visualisation sera dissoute, le mandala dispersé, dissolvant en même temps ce rêve dont nous aurions pu croire qu’il était vrai). Chaque représentation, chaque être rencontré sur ces voies est proposée comme étant un enseignement potentiel.

Dans les quêtes mystiques des soufis, c’est par la poésie, la danse du souffle, l’engagement absolu du corps et du souffle sur l’axe du monde, incarné dans le corps de chair, que le danseur, la danseuse s’unit à l’axe du Monde, à la Terre et au Ciel, et se dissout dans cet infini sans commencement ni fin. C’est la quête de l’Aimé ( le Vivant ). Celle ci s’effectue le plus souvent à travers un maître, qui aura reconnu le chemin et l’aboutissement, pouvant nous ouvrir ainsi dans sa manifestation, sa présence et conscience à la possibilité d’y accéder. Il nous ouvre le chemin, et nous marchons sur notre chemin, pas à pas.

Chaque voie nous mêne au-delà de ce que l’on croit être  » soi  » et à son cortège d’illusions.  Rûmi et Shams de Tabriz après 40 jours initiatiques d’une puissance atomique, se reconnaissent l’Un l’Autre, arasant tous les codes et tabous de leur culture et cheminant ainsi  à travers les illusions intenses et brûlantes de l’Amour, de l’Extase, par une Foi totale et un engagement de chaque instant, de chaque parcelle de leur matière et de leur esprit. Ce n’est que par cet effort intense et absolu, que la transformation alchimique peut se produire, sur une voie ou sur une autre, dissolvant peu à peu chaque facette de la personnalité, non pas pour devenir le pantin décrit dans  » Le Meilleur des Mondes » d’Huxley, mais pour vibrer au diapason au delà des déesses et des dieux, au delà des représentations, fussent elles apparemment glorieuses, magnifiques et sublimes de grâce, de paix amour et compassion. Ces dieux et déesses, créations de l’esprit humain forment une partie de nos représentations oniriques (notre monde quotidien étant l’un de ces rêves).  Ils nous permettent de nous « élever », de dépolluer notre esprit. Si l’on n’en devient pas l’esclave inconscient. Les connaissances, à un moment, doivent être abandonnées pour laisser place au Libre Esprit, à la poésie sauvage ( merci Jean Marie de Crozals.).

13 Juillet   Alain Désir

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