Ah ce Tam-Tam ravivant la vaste rythmique du monde,
Cette incantation se propageant d’onde en onde,
Cette figure vêtue d’écorce d’arbre, de peaux de bêtes
Et de dignité royale !
Toi, le nouveau chaman à la semelle de vent,
D’où te vient ce don de réunir en tes tréfonds
Âmes retrouvées et âmes errantes ?
Toi qui, depuis la Meuse, ameute sans cesse,
La faune hivernante, tu as toujours devancé
Le printemps, et par dessus rages et ravages,
Instaures l’indéracinable ardeur
De vivre l’ici-maintenant.
Arrache-nous de l’arrière salle enfumée,
Du moite arrière-port,
Emmène-nous à tes ascensions, à tes chevauchées
Pour rejoindre toutes contrées où les cris humains
Se transmuent en chants,
Cette incantation se propageant d’onde en onde,
Ce tam-tam ravivant la vaste rythmique du monde !
à André Velter.
Texte de François Cheng, extrait de « La vraie gloire est ici ». Poésie/Gallimard
